
|
A l’occasion de la sortie le 1er décembre de son album de bandes dessinées Malaak, Joumana Medlej a bien voulu nous en dire plus.
-Présentez-nous Malaak...
Malaak est une jeune Libanaise pas comme les autres, qui découvre qu'elle a une lourde mission à accomplir. Etudiante réservée et timide pendant le jour, elle endosse un costume la nuit pour protéger son peuple, devenant ainsi la superhéroïne libanaise... Je n'en dis pas plus, le reste, il faut le découvrir !
-L’histoire se déroule dans un Liban en guerre ?
L'histoire se situe dans une réalité alternative et non dans un contexte historique réel. Elle tire évidemment son inspiration des guerres que nous avons vécues, dans les détails de la ville, le mode de vie, etc, mais il n'y a pas de parallèles avec notre actualité. C'est de la pure science-fiction avec un fort message anti-guerre. Je ne veux surtout pas qu'on prenne l'histoire pour un commentaire politique, il n'y en a aucun (sinon qu'il faut être "majnoun" pour faire la guerre).
- Comment peut-on produire une bande dessinée au Liban ?
Il est à la fois très difficile et assez facile de produire une BD au Liban. C'est un très petit marché, où la BD n'est pas vraiment prise au sérieux (on l'associe tout de suite aux enfants): ces deux facteurs à eux seuls font qu'il est futile de chercher à se faire publier par une maison d'édition. Il faut se financer soi-même. Ceci dit, si l'obstacle financier est surmonté, il est beaucoup plus facile qu'ailleurs de contacter un distributeur, un imprimeur et les médias, de faire du bouche à oreille... En d'autres termes, moins on compte sur une aide extérieure, plus ça roule. Il faut quand même souligner que la partie la plus dure de la production d'une BD, c'est sa création : histoire, dessin, couleurs. Une fois qu'on a le produit fini sous le bras, le reste est simplement une question de patience.
- Quelques mots sur vous….
Je suis graphic designer et illustratrice de profession, co-auteure de plusieurs livres pour enfants. Mon premier amour, tous ceux qui m'ont fréquentée à l'école pourront vous le dire, c'était la BD: j'ai dessiné mes premières planches à 12 ans, et jusqu'au bac j'y ai passé toutes mes récrés ! Je redécouvre à présent cet art après 10 ans de pause qui m'auront préparée techniquement et personnellement à attaquer un projet aussi ambitieux.
-Quelle sera la suite du projet ?
D'abord la suite de l'histoire, qui est déjà bien en cours, mais j'ai l'ambition de faire adopter Malaak par le public libanais. Nous n'avons pas de superhéros national, ni autre genre de personnage qui soit une référence commune, une icône populaire comme le sont Superman ou Harry Potter ailleurs. Malaak et les autres personnages peuvent le devenir, j'y travaille... Ce que je constate aussi, c'est que Malaak a déjà beaucoup de fans non seulement au Liban mais aussi à l'étranger (c'est pour ça que la première impression est en anglais, mais j'espère bien que le français suivra). Des lecteurs qui n'ont rien à voir avec le Liban sont accrochés par l'histoire et apprécient beaucoup son côté très local et son message qui est universel. Elle peut devenir un export culturel unique en son genre - mais tout ça prendra du temps. Il faut garder l'œil sur le site web (www.malaakonline.com) où j'ajoute des nouveautés entre 2 parutions albums.
|